La glande thyroïde, chef d’orchestre de nos émotions?

La glande thyroïde est souvent connue pour son rôle essentiel dans la production d'hormones. Toutefois, son influence va bien au-delà de la simple régulation du métabolisme. Elle joue un rôle primordial dans la santé des os, du cœur, de la fertilité et, fait moins connu, dans la santé mentale. En effet, un excès d'hormones thyroïdiennes est souvent associé à de l'anxiété et de l'irritabilité, tandis qu'une carence peut mener à la dépression et à un manque de motivation. Mais comment expliquer cette relation entre la thyroïde et notre état psychologique?

Le rôle de la glande thyroïde

Située à la base du cou, la glande thyroïde produit principalement deux hormones : la thyroxine (T4) et la triiodothyronine (T3). Ces hormones jouent un rôle fondamental dans de nombreux processus corporels, notamment le métabolisme, la régulation de la température et la synthèse des protéines. Elles influencent aussi directement la fonction cérébrale en modifiant la production de neurotransmetteurs.  C’est le cas de la T3 qui régulerait le niveau de sérotonine et de noradrénaline, qui sont directement liées à l’humeur et aux émotions.

De plus, les hormones thyroïdiennes agissent sur la barrière hématoencéphalique, qui contrôle les échanges entre le sang et le cerveau. Malheureusement, bien que le lien entre les troubles thyroïdiens et les symptômes psychologiques soit connu, les mécanismes précis qui les relient restent encore mal compris. Peu d'études ont exploré en profondeur ce phénomène, mais les données cliniques montrent que de nombreux patients présentant des troubles thyroïdiens souffrent aussi de problèmes psychiques.

L'hypothyroïdie : quand tout ralentit

L'hypothyroïdie, qui correspond à une production insuffisante d'hormones thyroïdiennes, se manifeste par divers symptômes physiques tels que la frilosité (sensation d’avoir froid), la fatigue, la constipation et une prise de poids inexpliquée. Cependant, ses effets sur les émotions sont tout aussi importants : manque de motivation, dépression, difficultés de concentration, trous de mémoire et lenteur cognitive sont également rapportés.

Chez les personnes âgées, l'hypothyroïdie peut parfois se présenter sous forme de psychose ou de léthargie.

Si vous éprouvez ces symptômes, une consultation médicale permettra d'évaluer votre fonction thyroïdienne et d'adapter un traitement si nécessaire.

L'hyperthyroïdie : quand tout s'emballe

À l'inverse, l'hyperthyroïdie se caractérise par une production excessive d'hormones thyroïdiennes. Elle peut provoquer des palpitations cardiaques, des bouffées de chaleur, des tremblements et de l'insomnie. Sur le plan psychologique, elle est fréquemment associée à une anxiété marquée, de l'irritabilité, une instabilité émotionnelle et des difficultés de concentration.

Chez les personnes âgées, l'hyperthyroïdie peut également s'exprimer par une dépression, une perte d'émotions, voire des troubles cognitifs proches de la démence.

Si vous ressentez ces symptômes, il est essentiel d'en parler à votre professionnel de la santé afin d'effectuer un bilan complet.

Un impact différent selon les individus?

Les troubles thyroïdiens touchent majoritairement les femmes, soit environ cinq fois plus présents que chez les hommes. Toutefois, les symptômes psychologiques associés semblent se manifester de façon similaire chez tous les patients.

L'impact du parcours médical sur la santé mentale

Au-delà des symptômes liés à la maladie elle-même, le parcours médical des patients peut aussi influencer leur état psychologique. Apprendre qu'on devra prendre un traitement à vie, subir des interventions médicales ou faire face à des conséquences irréversibles sur sa santé peut être difficile à accepter. Si vous vous sentez concerné, sachez que des ressources et des groupes de soutien existent pour vous accompagner.

Thyroïde et dépression post-partum : un lien?

Des études ont exploré la relation entre les anticorps qui attaquent la glande thyroïde et la dépression post-partum. Bien qu'un lien ait été identifié, aucun traitement visant les désordres de la glande thyroïde n'a encore réussi à prévenir ou réduire ces épisodes dépressifs.

Que faire si vous êtes concerné?

Si vous avez un historique de désordres de la glande, votre pharmacien pourrait vous prescrire des prises de sang pour voir si votre problème est contrôlé et ajuster vos médicaments, au besoin.

Si vous ne souffrez pas de troubles thyroïdiens diagnostiqués, mais que vous présentez des symptômes évoquant une dépression, de l'anxiété ou des troubles cognitifs, consultez un professionnel de la santé. Une prise en charge adaptée pourra être mise en place en fonction de votre diagnostic.